Souvenirs

Je me rappelle parfois l'époque mon père régnait. Les guerres étaient plus rares que maintenant, mais les tensions déjà importantes (du moins avec les Mizu). Mon père est mort lors de mon voyage initiatique, que tous les princes doivent faire a un certain age. C'est une sorte de rite d'initiation qui a été instauré par Obrak, dans le but d'apprendre l'humilité aux rois des générations à venir.
Le prince part avec seulement deux ou trois personne, généralement un homme sage, un bon guerrier et un ami, et parcourt la terre de sistearth sans faire savoir sa condition, comme un simple voyageur. Il doit partir à l'insu de la population de Denkaro, et peu de gens sont au courant de son départ avant que le roi ne l'annonce, ce qu'il fait traditionnellement environ deux semaine après le départ. Le jeune prince peu ainsi se faire sa propre opinion sur le monde et des gens.
En se mettant ainsi a la place des personnes qu'il sera amené à gouverner (et à combattre, le voyage s'étend au-delà des frontière du royaume) il apprend les besoins des gens, leurs revendications, leurs conditions de vie et de travail. Ne pouvant se cacher derrière son titre, il doit apprendre à devenir humble, modeste et ouvert aux autres. Quand le prince revient enfin dans sa patrie, il est devenu un homme, et il est censé être apte à monter sur le trône. Bien sûr, comme le précédent roi est généralement vivant au retour du prince, cela ne se fait rarement aussi vite, mais en cas d'urgence, il peut prendre les commandes du royaume ou de l'armée. Il n'est plus le fils du roi, il devient prétendant au trône et ses pouvoirs équivalents déjà presque ceux de son père.

J'étais trop jeune pour entamer mon voyage, mais mes parents avaient insisté pour que je parte au plus vite. "Plus tôt je pourrai compter sur toi, plus vite notre nation gagnera en puissance et en renommée" disait mon père. Avant de partir il me remit son épée, l'épée d'Obrak, le trésor de la famille. Cette arme est à la foi d'une une oeuvre magnifique et une arme des plus redoutable. Une foie sortie de son fourreau, sa lame s'embrase et brûle l'adversaire en quelques instants, ce feu sacré créer par Shankara brûle même leur âme dit-on. En insistant bien que ce n'était que pour me défendre, il me donna sa bénédiction et le voyage commença. Durant mon initiation, j'ai appris de nombreuses choses, mais une journée en particulier restera à jamais gravée dans ma mémoire.
Nous avions passé depuis longtemps les frontières du royaume, et nous avons fait halte dans un village à la nuit tombée. Pendant la soirée, j'étais descendu de ma chambre, l'auberge faisait aussi office de taverne. Je n'avais pas de mal à me fondre dans l'ambiance, j'appréciai beaucoup la compagnie de gens simples comme les paysans des petits villages. Généralement, nous buvions et parlions joyeusement, et je me sentais bien loin des intrigues politiques, des entraînements militaires et des repas ampoulés du château. Mais ce soir-là, il y eu des événements qui m'empêchèrent de me réjouir. Au bout de la quatrième pinte de Raku, les gens autour de moi commencèrent à parler de la guerre qui menaçait. Je savais que notre situation était assez tendue avec les Mizu, mais comme cela avait toujours été, je ne trouvai cela normal, et j'étais étonné que l'on puisse penser que la guerre était pressante. Mais ce qui m'étonnait le plus, c'était l'animosité dont faisait preuves ces personne vis-à-vis du peuple Tsuchi et de son roi. Je pris donc la parole pour comprendre pourquoi ces gens nous haïssaient a ce point.

- Excusez- moi messieurs, je ne suis qu'un humble voyageur qui ne connaît guère votre pays ni celui qui s'oppose à vous, c'est pourquoi je me demande quelles sont vos raisons de vouloir faire la guerre? Vous ont ils attaqués, pillés vos villages où je ne sais quoi?
-Bah ! dit un homme au teint rouge. Les Tsuchis ne sont que des barbares, que du muscle et pas de cervelle! Ils ne sont heureux que l'arme au point vous savez. Ce ne sont que des pillards du désert qui ont été réunis par je sait plus quel bonhomme, tous des brigands et des voleurs !
-T'as raison, dit un autre, des brutes sanguinaires. Vous qui êtes voyageur, si vous n'y êtes pas allé, alors n'y allez jamais. Je vous ai vu aujourd'hui, vous avez aidé une femme qui se faisait agresser par deux voyous. Et sans sortir votre lame du fourreau en plus! Z'êtes habile à l'épée d'ailleurs, pour sûr qu'vous êtes pas un débutant m'sieur, vaux mieux pas vous trop échauffer la bile j'me trompe pas hein?
-Moi aussi je vous ai vu, ajouta le premier, z'avez donné des pièces aux gamins devant l'église pour qu'ils s'achètent à manger! Mais vous allez pas chez les Tsuchis j'espère, c'est pas fait pour les bonnes gens comme vous! Tous des fils de pillard et de brigand, comme j'vous l'dit monsieur!

Mes mains tremblaient et la rage commençait à me monter à la tête. Comment osaient-ils parler ainsi de mon peuple!? N'étaient-ils pas capable de faire la différence entre un guerrier et un pillard?
Ma main était déjà pausée sur le fourreau de mon épée, mais le tavernier cria qu'il fermait et la salle se vida rapidement. je fus incapable de trouver le sommeil ce soir-là... Cette image était-elle vraiment la nôtre? était-ce ainsi que le monde voyait mon peuple? Des ramassis de pillard du désert?
Je me fis une promesse ce soir-là, la promesse qu'aussi longtemps que je vivrai je mettrai tout en oeuvre pour changer cette image de barbare sanguinaire sans foi ni loi!
Pendant le reste du voyage, je restais réservé et j'évitais de passer trop de temps dehors ou en compagnie des habitants des diverses villes et villages qui nous traversions. J'avais peur de ne pouvoir me contrôler et de dresser mon épée contre ceux qui salissaient l'honneur de mon royaume, l'honneur de mon peuple et de mon père. Ou peu être... peu être que j'avais peur d'en entendre davantage, d'apprendre des choses pire encore...
Le voyage se finit donc, le chemin du retour fut calme et quand nous arrivâmes chez nous, je savais que je tiendrai ma promesse jusqu'au bout, pour tous les gens qui ne méritaient pas d'être traités ainsi, et pour l'honneur de la famille royale. Mais une dernière épreuve m'attendait. Quand nous arrivâmes a Denkaro, nous vîmes que les remparts de la ville étaient drapés de noir et les portes fermées.

-Holà! criai-je pourquoi les portes sont-elle fermées, que se passe t-il?
-Passez votre chemin! répondit le garde qui venait d'apparaître sur le rempart, personne n'est autorisé à entrer! Si vous tentez d'entrer nous vous abattrons.
Je dégainais l'épée royale et la brandi. Sa lame s'illumina, créant une colonne de feu qui disparut dans les cieux.
-Séphiroth, fils du roi et prétendant au trône du royaume Tsuchi vous ordonne d'ouvrir cette porte ! Laissez- moi entrer dans ma ville où brûlez par les saintes flammes de Shankara !

La porte vu ouverte en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire (exploit considérable pour une porte aussi lourde) et je pus enfin entrer en Denkaro. La terrible nouvelle m'attendai au château, le roi et la reine avaient été tués. Des traîtres étaient dans le château et une nuit, ils avaient réussi à entrer dans la chambre royale. Je comprenais mieux à présent pourquoi mon départ avait été aussi précipité, au moins pendant le voyage, j'était à l'abri des traîtres...
Mais ils ne purent pas s'enfuir et on les mena devant moi. Je ne leur fis pas l'honneur de les brûler avec la lame de mon père, ils furent tués puis on coupa leur tête que l'on exposa aux entrées de Denkaro, pour l'exemple.
La rumeur disait que le meurtre avait été commandité par les Mizu. Probable, mais aucune preuve n'as pu être fournie.
C'est ainsi que je suis devenu roi. Pas pour très longtemps certes, et, avec le recul je pense que c'était trop tôt pour moi...
Personne ne m'as jamais vraiment fait de reproche, je me rappelle même qu'Isharel m'avait décrit comme droit mais trop jeune pour mes fonctions. Il m'avait appelé Séphiroth le juste, un nom que je ne méritais probablement pas. De toute façon, beaucoup de Tsuchis aujourd'hui ignorent que j'ai été roi. Peu de gens connaissent cette histoire, et si je l'est rendu publique c'est pour que l'on n'oubli pas notre passé.Je ne cherche pas ainsi à dire "Hey, vous me voyez, regardez- moi je suis le dernier descendant de la lignée des Obrak", mais je veut rappeler à chaque Tsuchi mon histoire, l'histoire de notre royaume, pour qu'ils n'oublient pas la fierté de notre peuple.

Voilà, aujourd'hui je ne suis plus qu'un guerrier Tsuchi, comme tant d'autre. L'épée royale a disparu, consumée par le feu de Shankara quand la lignée des Obrak a quitté le trône. Mais je n'éprouve pas de rancune.Je soutiens autant que possible notre royaume, que j'aime toujours autant et que je souhaite toujours aussi ardemment défendre. Je n'oublie pas non plus ma promesse, et cela reste un de mes objectifs que de prouver au monde entier que nous sommes bien plus que des pillards sanguinaires assoiffés de pouvoir et de carnages. Les Tsuchis sont de valeureux guerrier, plein de respect et d'honneur. C'est du moins la conception que j'en ai.
Parfois je me rends sur la tombe de mes parents, sur laquelle j'ai fait graver les derniers mots que m'as dit mon père, avant que je parte pour mon initiation :
"Puisse Shankara guider ton bras dans la bataille et ton âme dans le doute"
Je souhaite que Shankara fasse ainsi pour tous les Tsuchi, et je le souhaite de tout mon coeur.